LA DÉPRESSION
Qu’est- ce que la dépression ?
La dépression est connue depuis l’antiquité. Hippocrate en attribuait l’affection à la « bile noire » d’où l’expression populaire « se faire de la bile ».
Au XIXème siècle, on parlera de dépressions récidivantes pour décrire des accès d’agitation euphorique alternant avec des accès dépressifs mélancolique. Ces troubles de l’humeur alternée survenant de façon cyclique ont été qualifiés de psychose maniaco-dépressive par Emil Kraepelin. Ils ont été renommés aujourd’hui « troubles bipolaires ».
Le mot dépression déborde ce cadre pathologique et désigne tous les épisodes de tristesse, une souffrance morale se traduisant par une modification profonde de l’humeur.
Le sentiment de tristesse ne signe pas la dépression, mais la dépression comporte inévitablement la tristesse, l’anxiété, l’angoisse dont l’intensité peut retentir sur la vie quotidienne, l’activité professionnelle, l’appréciation de soi, le jugement et les fonctions élémentaires comme le sommeil, l’appétit et la sexualité. Le sujet déprimé vit dans un temps uniforme et monotone.
La dépression s’apparente à une immobilisation, un empêchement de ressentir les moindres mouvements de la vie interne et extérieure. Le sujet déprimé ne rêve plus, ne ressent plus aucun désir. Sa vie lui semble vide, il n’a de goût ni d’intérêt pour rien. Sa plainte est triste, se réfugiant dans une forme d’apathie voire de prostration, il semble « en panne ».
La dépression ou les dépressions ?
Comment s’y retrouver avec ce terme dépression, véritable mot « fourre tout » qui désigne dans le langage populaire aussi bien des troubles psychiatriques graves (psychose maniaco-dépressive ou bipolarité) que de banales fluctuations de l’humeur ou du caractère. Le terme s’est tellement banalisé dans la vie quotidienne qu’on s’en sert pour « pathologiser » les turbulences émotionnelles les plus diverses.
Les différents types de dépressions
La dépression névrotique se traduit par de l’anxiété, de l’irritabilité, des plaintes multiples et une demande d’aide. S’apitoyer sur son sort remplace l’auto-accusation que l’on rencontre dans la mélancolie. A la différence du mélancolique, le déprimé névrotique incrimine souvent des événements ou autrui dans la survenue de son état.
- Les dépressions d’épuisement (burn out),
- Les dépressions réactionnelles suite à un évènement (deuil, retraite, déménagement),
- Les dépressions saisonnières dues au manque de lumière de la saison froide,
- Les dépressions d’involution causées par les effets de l’âge sur le cerveau,
- les dépressions psychotiques ou mélancolie appartenant à la psychose maniaco-dépressive ou encore bipolarité.
Quel que soit le registre où se situe la dépression, on retrouve en chacune d’elle la triade : tristesse-désintérêt, ralentissement, anxiété. Ces symptômes peuvent varier en intensité selon chaque individu et nécessitent parfois une prise en charge multi-focale.
Le traitement de la dépression
Ce qui est primordial dans une dépression c’est le moment de sa première apparition. Le sujet déprimé subit comme un ralentissement du temps, il n’a plus de goût ni d’interêt pour rien. C’est comme si la vie s’était arrêtée sous l’effet de certains facteurs internes et externes.
La dépression érige un rempart contre le temps et le sujet veut tout maintenir en l’état, s’opposant au moindre changement. Il veut maintenir en l’état ce qui n’existe plus, ce qui n’a plus lieu d’être. Il exprime par son état, ses mots le constat d’une disparition en cours.
Il s’oppose donc de toutes ses forces contre la perte, alors qu’il « sait » qu’elle a eu lieu mais ne sait pas ce qu’il a perdu. C’est d’ailleurs une des différences essentielles entre la dépression et le deuil.
Dans un premier temps, le traitement consiste à amener progressivement le sujet déprimé à reconnaître et à accepter la perte, à en prendre la mesure et à se faire une idée de ce qu’elle signifie pour lui.
Dans un deuxième temps, il pourra commencer à faire le deuil de ce qu’il a perdu. Il aura alors la possibilité de développer un autre rapport au temps, de sortir peu à peu de son attitude de plainte, de quitter ses regrets et de réinvestir progressivement sa vie, son activité, ses plaisirs.