Les troubles du comportement alimentaire (T.C.A.)

Définitions des principaux T.C.A.

L’anorexie[1] se traduit par des privations de nourriture dont le prétexte est souvent, au moins au départ, un régime motivé par des raisons esthétiques. Elle apparaît principalement chez des adolescentes ou des jeunes femmes, avant l’âge de 25 ans. Elle est plus rare chez les hommes. Ces restrictions de nourriture peuvent s’accompagner de vomissements provoqués, de prises de laxatifs, de diurétiques. L’anorexie produit l’effacement des formes féminines, la fonte des muscles, divers troubles somatiques, l’aménorrhée. Elle peut même aller jusqu’à mettre la vie en danger.

La boulimie se traduit par des conduites alimentaires qui consistent, à certains moments de crises, à ingérer de façon solitaire de grandes quantités de nourriture, de façon rapide et apparemment compulsive. Ceci correspond à des accès de fringale violents et difficilement maîtrisables suivis de vomissements.

L’hyperphagie se traduit par l’ingestion de grandes quantités de nourriture sans réelle sensation de faim. Contrairement à la boulimie, l’hyperphagie n’est pas suivie de vomissements, de prises de laxatifs ou de diurétiques. Le poids n’est pas sous contrôle ce qui peut conduire le sujet à l’obésité. L’hyperphagie touche autant les femmes que les hommes.

Les T.C.A., « des toxicomanies sans produit » (Otto Fenichel)

Souvent les T.C.A. sont considérés comme des addictions. Le terme « addiction » vient du mot latin addictus utilisé pour définir les liens d’un esclave. Il a été emprunté à la terminologie anglaise et tend aujourd’hui à se substituer au terme de dépendance.

Les T.C.A. génèrent des conduites addictives qui engagent le corps dans l’agir et aboutissent à des mécanismes contraignants et compulsifs.

La clinique nous apprend qu’un des buts du comportement addictif est de se débarrasser de ses affects (tristesse, angoisse, colère, peur….). Il s’agit pour les personnes touchées par des T.C.A. de trouver de la jouissance au travers d’un objet d’addiction (nourriture, jeu, alcool …). Cet objet va jouer le rôle d’analgésique face à la souffrance psychique.

On le voit, cette solution addictive est une réponse à une souffrance et se révèle être une tentative de s’auto-soigner. Cet agir sur le corps s’effectue de manière compulsive et s’accompagne le plus souvent d’une rupture ou d’un désintérêt pour les relations avec l’autre. On assiste alors à une perte de l’érotisation du corps qui toutefois ne demande qu’à être rétablie.

Ce comportement devient pathologique lorsqu’il n’est que la seule réponse pour supporter, ou faire disparaître la douleur mentale.

Un sujet boulimique ne cherche pas à s’empoisonner en vidant son réfrigérateur, il ingère de la nourriture pour se débarrasser aussi vite que possible de tout sentiment d’angoisse, de colère, de culpabilité ou de tristesse qu’il ne peut supporter.

La solution addictive est un véritable pharmakon qui agit à la fois comme un remède et comme un poison. Ce palliatif ne résout aucun des problèmes sous-jacents qui tendent plutôt à s’installer.

[1]   L’anorexie mentale et la boulimie focalisent le sujet sur la nourriture qui devient objet d’obsession. Alors que le sujet anorexique est dans la maîtrise, le sujet boulimique est dans la compulsion.

Le traitement des T.C.A.

Comme dans la plupart des problèmes d’addiction, le traitement des T.C.A. nécessite la participation de l’entourage (parents, conjoints, enfants …). En effet, les proches sont dans la plupart des cas impliqués dans le comportement addictif, dans la constitution du symptôme. Il est alors question de co-dépendance. Il est d’ailleurs nécessaire, dans un premier temps de rencontrer les parents et/ou le conjoint du sujet.

Le traitement cherche à initier une transformation du rapport au corps qui a le plus souvent été profondément modifié par les T.C.A. Pour ce faire, il est nécessaire que le sujet choisisse de renoncer à la jouissance procurée par son addiction, au risque d’être à nouveau confronté à la souffrance qu’il veut éviter. C’est par ce renoncement que le principe de plaisir pourra être rétabli, que le corps pourra être de nouveau érotisé.