Valentine Hervé, Psychologue à Paris 6
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A chacun son confinement

“ Restez chez vous”

Des épidémies ont sévi tout au long de l’histoire de l’humanité. On connaît la lèpre, la peste, le choléra, la tuberculose, la rougeole, la grippe espagnole, le Sida, le virus Ebola, le SRAS, le chikungunya. Depuis quelques semaines, le COVID-19 appelé aussi Coronavirus s’est abattu sur le monde entier. Cette nouvelle pandémie progresse à pas de géant provoquant plus de morts qu’une “ simple gripette ”. Au vu de la gravité de la situation, les autorités ont imposé le confinement. “ Restez chez vous” devient le nouveau slogan sanitaire contre un mal extra- ordinaire qui s’inscrit comme le dit Michel Foucault comme “ ce moment de grande confusion panique où les individus, menacés par la mort qui transite…”[1] deviennent responsable de leur santé et de celle des autres.

Restez chez soi implique la cohabitation en famille 24h/24 avec souvent des enfants en bas âge qu’il s’agit d’occuper, tout en trouvant des solutions pour continuer à travailler. Une patiente dit qu’elle ne peut le faire qu’à l’heure de la sieste ou le soir quand ses enfants sont couchés. Ce confinement à durée indéterminée peut vite se transformer en cauchemar où il est parfois difficile de s’isoler, à fortiori quand l’espace de vie est restreint. En effet, vivre à cinq dans 60 m2 peut vite devenir un chaudron pulsionnel où les cris, l’agacement, les angoisses de chacun, l’alcoolisme du père, la surcharge mentale de la mère, les devoirs des enfants, les “ pétards” de l’adolescent sont autant de prétextes pour faire éclater les disputes et les ressentiments de chacun. D’autant que ces acrimonies sont vécues dans un huis clos étouffant qui peut vite tourner à l’asphyxie généralisée.

Comment dès lors accepter de sacrifier quelque chose de sa jouissance ? Comment accepter de restreindre son principe de plaisir au profit d’un principe de réalité anxiogène ? La promiscuité a vite fait de faire des individus, des ersatz de “ porcs- épics ”[2] qui se piquent entre eux car trop proches les uns des autres. Comment trouver la bonne distance afin de maintenir une vie en commun suffisamment viable sans mordre sur l’espace vital de l’autre ?

Les médias, les réseaux sociaux nous prodiguent leurs conseils pour aider à sublimer cette claustration : lire, peindre, ranger ses placards, dessiner, danser, chanter ou faire du sport. Sans oublier de diminuer les agapes liquides et solides qui sont aussi une autre façon de tamponner l’angoisse des heures creuses.

Quid du couple à l’épreuve du confinement ? Ressortira -t’- il indemne de cet enfermement ? Selon les médias, une vague de divorces en Chine a suivi le confinement. Y aura -t’-il une pandémie de divorces post coronavirus ? ou un baby-boom ?

Face au réel

Comme dans toutes les épidémies, des dispositifs de contrôle et de surveillance ont été mis en place : port de masques et de gants, lavage de mains, distance sociale d’un mètre, justificatif de déplacement, mise en place d’un couvre -feu dans certaines villes, présence policière pour les contrevenants. Cette pandémie a fait effraction pour tous et pour chacun dans le réel de nos vies, créant un climat “ d’inquiétante étrangeté ” où chaque individu réagit de façon différente, singulière et imprévisible. Parfois, avec des réactions paradoxales, telle cette jeune femme qui souffre d’une phobie sociale et qui ne sortait qu’une fois par semaine pour faire ses courses. Elle ne trouve aucun inconvénient à ce confinement, le pratiquant déjà au quotidien depuis des années : “ Je suis devenue enfin normale “ dit-elle.

Un jeune homme, quant à lui, se trouve extrêmement soulagé de savoir que son trouble obsessionnel de lavage des mains se généralise puisque dit-il “ je me sens moins coupable de me laver les mains 10 fois par jour car maintenant c’est autorisé par le corps médical “. Une autre patiente tient à se maquiller, s’habiller et se coiffer comme si elle partait travailler car dit-elle “ si je me laisse aller physiquement, je vais sombrer dans la déprime “.

Nous ne sommes pas égaux face au confinement. Chacun le vit différemment. Une patiente s’inquiète : “ ce confinement, c’est comme si le temps était suspendu, j’ai l’impression que les jours se ressemblent et que ça fait des années que je suis enfermée”. Le temps de l’épidémie se conjugue au présent comme si le temps était figé dans une “ attente anxieuse”.

Au contraire, une patiente qui a un travail qui l’oblige à voyager en permanence, se dit : “extrêmement heureuse et honteuse de le dire mais pour moi c’est le repos absolu. J’ai enfin retrouvé le contrôle de ma vie”.

Une épidémie peut en cacher d’autres comme la peur, l’angoisse, l’insécurité, l’incertitude, la solitude, le déni, la méfiance…qui peuvent le cas échéant être exacerbés par les chaînes d’informations qui déversent leurs flots ininterrompus de nouvelles plus anxiogènes les unes que les autres pour annoncer le nombre de morts et de malades contaminés dans le monde.

Le virus a fait son entrée fracassante dans les discours, il a bouleversé notre lien social et fait vaciller les certitudes de chacun. Néanmoins, la parole bien que privée de corps s’invente de nouveaux dispositifs d’échanges sociaux via les outils numériques, avec par exemple des “ Skype apéros”, des cours de guitare ou de langues à distance et des déjeuners professionnels en ligne.

Force est de constater, que face à cet impossible à supporter, l’individu, privé de liberté d’action, déploie des trésors de créativité et d’inventivité pour continuer à être dans ce “ vivre- ensemble “ où la parole remplace l’absence des corps.

Comment sortirons-nous de ce confinement ? Dans quel état physique et psychique ?

Est-ce que cette pandémie sera l’occasion de faire naître une pensée nouvelle ? Une autre façon de vivre ensemble une vraie solidarité ?

[1] Michel Foucault, Les anormaux, Cours au Collège de France (1974-1975), Ed Gallimard, Paris, 1999, p. 43.

[2]  Arthur Schopenhauer, Parerga und Paralipomena, t. II, chap. 31, § 400 in « Aphorismes sur la sagesse dans la vie », PUF Quadrige, 1998.

 

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