Valentine Hervé, Psychologue à Paris 6
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Sandor Ferenczi était médecin de formation avant de devenir psychanalyste. Il fut non seulement le disciple, l’ami et le confident de Freud, mais aussi le clinicien le plus doué de l’histoire du freudisme. L’œuvre écrite de Ferenczi est composée de très nombreux articles, rédigés dans un style inventif et toujours en prise avec la réalité. Au centre des préoccupations de Ferenczi, les traumatismes psychiques reviennent avec insistance et il consacra de nombreux articles à déplier sa clinique et sa théorie du traumatisme sexuel.

« Confusion de langue entre les adultes et l’enfant » marque d’une empreinte toute particulière l’œuvre de Sandor Ferenczi. Il y développe entre autres les notions d’« identification à l’agresseur », repris par Anna Freud, qui inspirera aussi celui, récent, du « syndrome de Stockholm » et la notion d’ « introjection par l’enfant du sentiment de culpabilité de l’adulte », qui viennent accroître la confusion des sentiments.

A l’« amour passionné » et aux « punitions passionnelles » infligées par l’adulte, se surajoute le « terrorisme de la souffrance », c’est-à-dire l’obligation faite à un enfant d’être celui qui prend en charge, répare et soigne un parent endommagé.

Longtemps ignoré par le mouvement psychanalytique, cet « enfant terrible » de la psychanalyse dérangeait par ses idées et ses innovations. Il sera réhabilité, dans les années 1950-1970.

Pourquoi exhumer un texte datant de 1932 ? Ce texte emblématique de Ferenczi soutient une position moderne et toujours aussi actuelle sur des questions cruciales que chaque analyste rencontre dans sa pratique.  

« Les séductions incestueuses se produisent habituellement ainsi : un adulte et un enfant s’aiment ; l’enfant a des fantasmes ludiques, comme de jouer un rôle maternel à l’égard de l’adulte. Ce jeu peut prendre une forme érotique, mais il reste pourtant toujours au niveau de la tendresse. Il n’en est pas de même chez les adultes, ayant des prédispositions psychopathologiques, surtout si leur équilibre ou leur contrôle de soi ont été perturbés par quelque malheur, par l’usage de stupéfiants ou de substances toxiques. Ils confondent les jeux des enfants avec les désirs d’une personne ayant atteint la maturité sexuelle et se laissent entraîner à des actes sexuels sans penser aux conséquences.

De véritables viols de fillettes, à peine sorties de la première enfance, des rapports sexuels entre des femmes mûres et des jeunes garçons, ainsi que des actes sexuels imposés, à caractère homosexuel, sont fréquents. Il est difficile de deviner quels sont le comportement et les sentiments des enfants à la suite de ces voies de faits. Leur premier mouvement serait le refus, la haine, le dégoût, une résistance violente : « Non, non, je ne veux pas, c’est trop fort, ça me fait mal, laisse-moi ! ». Ceci ou quelque chose d’approchant, serait la réaction immédiate si celle-ci n’était pas inhibée par une peur intense. Les enfants se sentent physiquement et moralement sans défense, leur personnalité encore trop faible pour pouvoir protester, même en pensée, la force et l’autorité écrasante des adultes les rendent muets, et peuvent même leur faire perdre conscience.

Mais cette peur, quand elle atteint son point culminant, les oblige à se soumettre automatiquement à la volonté de l’agresseur, à deviner le moindre de ses désirs, à obéir en s’oubliant complètement, et à s’identifier totalement à l’agresseur. Par identification, disons par introjection de l’agresseur, celui-ci disparaît en tant que réalité extérieure et devient intrapsychique ; mais ce qui est intrapsychique va être soumis, dans un état proche du rêve – comme l’est la transe traumatique – au processus primaire, c’est-à-dire que ce qui est intrapsychique peut, suivant le principe de plaisir, être modelé et transformé d’une manière hallucinatoire, positive ou négative.

Quoi qu’il en soit, l’agression cesse d’exister en tant que réalité extérieure et figée, et au cours de la transe traumatique, l’enfant réussit à maintenir la situation de tendresse antérieure. Mais le changement significatif, provoqué dans l’esprit de l’enfant par l’identification anxieuse avec le partenaire adulte, est l’introjection du sentiment de culpabilité de l’adulte : le jeu jusqu’à présent anodin apparaît maintenant comme un acte méritant une punition. Si l’enfant se remet d’une telle agression, il en ressent une énorme confusion ; à vrai dire, il est déjà clivé, à la fois innocent et coupable, et sa confiance dans le témoignage de ses propres sens en est brisée. S’y ajoute le comportement grossier de l’adulte, encore plus irrité et tourmenté par le remords, ce qui rend l’enfant encore plus profondément conscient de sa faute et encore plus honteux.

Presque toujours, l’agresseur se comporte comme si de rien n’était, et se console avec l’idée : « Oh, ce n’est qu’un enfant, il ne sait rien encore, il oubliera tout cela. ». Après un tel événement, il n’est pas rare de voir le séducteur adhérer étroitement à une morale rigide ou à des principes religieux, en s’efforçant par cette sévérité de sauver l’âme de l’enfant. Généralement, les rapports avec une deuxième personne de confiance – dans l’exemple choisi, la mère – ne sont pas suffisamment intimes pour que l’enfant puisse trouver une aide auprès d’elle ; quelques faibles tentatives dans ce sens sont repoussées par la mère comme étant des sottises.

L’enfant dont on a abusé devient un être qui obéit mécaniquement ou qui se bute ; mais il ne peut plus se rendre compte des raisons de cette attitude. Sa vie sexuelle ne se développe pas ou prend des formes perverses ; je ne parlerai pas ici des névroses et des psychoses qui peuvent en résulter.

Ce qui importe, d’un point de vue scientifique, dans cette observation, c’est l’hypothèse que la personnalité encore faiblement développée réagit au brusque déplaisir, non pas par la défense, mais par l’identification anxieuse et l’introjection de celui qui la menace ou l’agresse. C’est seulement maintenant que je comprends pourquoi mes patients se refusent, si obstinément, à me suivre lorsque je leur conseille de réagir au tort subi par du déplaisir, comme je m’y serais attendu, par de la haine ou de la défense.

Une partie de leur personnalité, le noyau même de celle-ci, est resté fixé à un certain moment et à un niveau où les réactions alloplastiques étaient encore impossibles et où, par une sorte de mimétisme, on réagit de façon autoplastique. On aboutit ainsi à une forme de personnalité faite uniquement de ça et de Sur-Moi et qui, par conséquent, est incapable de s’affirmer en cas de déplaisir ; de même qu’un enfant, qui n’est pas encore arrivé à son plein développement, est incapable de supporter la solitude, s’il lui manque la protection maternelle et une tendresse considérable.

Nous devons nous référer ici à des idées que Freud a développées, depuis longtemps, quand il soulignait le fait que la capacité d’éprouver un amour objectal était précédée d’un stade d’identification. Je qualifierai ce stade comme étant celui de l’amour objectal passif ou stade de la tendresse. Des traces de l’amour d’objet peuvent apparaître déjà, mais seulement en tant que fantasme, de façon ludique. C’est ainsi que les enfants, presque tous sans exception, jouent avec l’idée de prendre la place du parent du même sexe, pour devenir le conjoint du sexe opposé, ceci, notons-le bien, en imagination seulement. En réalité, ils ne voudraient, ni ne pourraient, se passer de la tendresse et surtout de la tendresse maternelle. Si, au moment de cette phase de tendresse, on impose aux enfants plus d’amour ou un amour différent de ce qu’ils désirent, cela peut entraîner les mêmes conséquences pathogènes que la privation d’amour jusqu’ici invoquée.

Cela nous entraînerait trop loin de parler, ici, de toutes les névroses et conséquences caractérologiques qui peuvent résulter de la greffe prématurée de formes d’amour passionnel et truffé de sentiments de culpabilité, chez un être encore immature et innocent. La conséquence ne peut être que cette confusion de langues à laquelle je faisais allusion dans le titre de cette conférence. (….)

À côté de l’amour passionné et des punitions passionnelles, il existe un troisième moyen de s’attacher un enfant, c’est le terrorisme de la souffrance. Les enfants sont obligés d’aplanir toutes sortes de conflits familiaux et portent, sur leurs frêles épaules, le fardeau de tous les autres membres de la famille. Ils ne le font pas, en fin de compte, par pur désintéressement, mais pour pouvoir jouir à nouveau de la paix disparue, et de la tendresse qui en découle. Une mère qui se plaint continuellement de ses souffrances peut transformer son enfant en une aide -soignante, c’est-à-dire en faire un véritable substitut maternel, sans tenir compte des intérêts propres de l’enfant.

Si cela venait à se confirmer, nous serions obligés, je crois, de réviser certains chapitres de la théorie sexuelle et génitale. Les perversions, par exemple, ne sont peut-être infantiles que pour autant qu’elles demeurent au niveau de la tendresse ; lorsqu’elles se chargent de passion et de culpabilité conscientes, elles témoignent peut-être déjà d’une stimulation exogène, d’une exagération névrotique secondaire. De même, dans ma propre théorie de la génitalité, je n’ai pas tenu compte de cette différence entre la phase de tendresse et la phase de passion.

Dans la sexualité de notre époque, quelle part de sadomasochisme est conditionnée par la culture (c’est-à-dire ne prend sa source que dans le sentiment de culpabilité introjecté), et quelle part, demeurée autochtone, se développe comme une phase d’organisation propre ? Cela est réservé à des recherches ultérieures ».

[1] Psychanalyse IV, Payot, Paris, 1982, p.125-135.

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