L’émétophobie, la peur de vomir
Le terme émétophobie vient du grec emein vomir et phobos qui signifie la peur.
Relativement rare et mal connu, ce symptôme s’apparente à des phobies de situation.
Selon la littérature, sa fréquence avoisinerait 0,1% des sujets, essentiellement de sexe féminin. Ce symptôme va bien au-delà de la peur de vomir en public, il s’étend à la peur de voir quelqu’un vomir, d’entendre parler de vomissement, de regarder des images relatives au vomissement, d’attrapper une maladie pouvant favoriser les vomissements (gastro-entérite), ou simplement d’avoir des nausées. Il conduit les sujets à craindre les déplacements en transports en commun ou en voiture, une éventuelle grossesse, les salles d’attente médicales, l’école, etc…. Au final, ce symptôme peut devenir très invalidant sur le plan social et professionnel et peut même conduire certains adolescents à la déscolarisation, développant une anxiété sociale par peur d’être confronté à la contamination et donc au risque potentiel de vomir.
L’émétophobie se rencontre beaucoup au moment de l’adolescence mais elle peut débuter dans l’enfance, en phase de latence, autour de l’âge de 9 ans. A partir d’un événement déclencheur survenu dans la petite enfance ( ils ont vomi eux-mêmes ou ils ont vu quelqu’un vomir), la peur s’installe, devient envahissante, obsédante et ne les quitte plus. Si dans les autres phobies, le sujet peut éviter l’objet de sa peur ( souris, araignée, métro, ascenseur…), dans l’émétophobie, la peur provenant du corps, il ne peut ni fuir ni s’éloigner. Il est confronté continuellement à la peur de vomir.
Le danger est associé à l’alimentation, au dégoût que peuvent induire certaines odeurs, agissant parfois comme un signal d’angoisse provoquant le souvenir involontaire et spontané d’une expérience du passé.
Ce symptôme singulier gagnerait à être mieux connu et mieux pris en considération. L’émétophobie ne fait-elle pas partie de ce que l’on désigne couramment comme les pathologies de l’oralité (anorexie, boulimie) où le symptôme est à envisager comme un mode de défense face à un désir, une représentation inacceptable? Cet obscur objet du dégoût, “ d’une odeur à ne pas regarder”, comme l’exprimait une patiente, c’était la dernière image de sa grand -mère allongée dans son tombeau en phase de putréfaction. Elle avait alors réprimé un haut le coeur et depuis 5 ans, était terrorisée par une peur de vomir.