Valentine Hervé, Psychologue à Paris 6
  • MON PARCOURS
  • SYMPTÔMES
    • ANGOISSE, ANXIÉTÉ
    • DÉPRESSION
    • TROUBLES DU COMPORTEMENT ALIMENTAIRE (T.C.A)
    • PHOBIE
  • QUESTIONS/RÉPONSES
  • ARTICLES
  • PRESSE
  • CONTACT
  • Rechercher
  • Menu Menu

« Le mécanisme général de la projection dont je crois qu’il est inhérent à la vie et dont l’expression psychique vise à garder ce qui sera constitutif de soi et ce qui doit lui demeurer étranger »

M. Neyraut

 

Qu’est-ce que la projection ?

Définition

Le terme « projection » n’appartient pas de façon exclusive au vocabulaire psychanalytique. De nombreuses disciplines comme la neurologie, la philosophie, la balistique, la physique, la géométrie et l’architecture, utilisent également ce terme, mais avec une acception particulière.

Étymologiquement, la projection est l’acte de « lancer en avant » ; au figuré, c’est « émettre au-dehors ». Projeter, c’est aussi : « Émettre en avant une idée ou un dessein »[1], comme faire des projets ou se projeter dans l’avenir. L’usage du terme « projection » dans le langage courant s’est à tel point banalisé, qu’il s’est dilué dans des acceptions pas toujours appropriées. Néanmoins, il demeure un mécanisme banal et omniprésent dans la vie quotidienne, à tel point que chacun « fait de la projection » sans le savoir.

Depuis Freud, la théorie psychanalytique, fondée sur la clinique, a donné au concept de projection une signification spécifique. Qu’est-ce que la projection pour la psychanalyse ?

C’est d’abord un mécanisme de défense, que Sigmund Freud définit comme l’opération mentale inconsciente, par laquelle un sujet attribue à autrui ses propres sentiments, pulsions, pensées, affects et désirs, qu’il refuse de reconnaître en lui-même. Or, qu’est-ce qui est projeté ? sinon l’indésirable, c’est-à-dire le désagréable, l’intolérable.

Cette opération consiste à rejeter hors du moi du sujet quelque chose issu du dedans qui lui est déplaisant. C’est ensuite une façon, pour lui, de combattre l’angoisse. Ainsi, le danger est externalisé, puisque expulsé dans l’Autre. Par exemple, nous connaissons tous la tendance à dénoncer chez autrui ce que nous essayons de nier en nous-même.

Par ailleurs, Freud, insiste sur le caractère normal le plus universel du mécanisme de la projection. C’est ainsi, qu’il voit dans la mythologie, la superstition et dans les croyances animistes, une projection. Elle peut néanmoins devenir pathologique, si elle prend des proportions vertigineuses, comme dans le délire de jalousie.

La projection en psychanalyse

 Selon la psychanalyste, Joan Rivière : « Dans la vie quotidienne, l’exemple le plus simple de la projection est le toi aussi. Si quelqu’un nous attribue une chose déplaisante, nous supposons souvent instantanément qu’en fait cette chose est en lui. »[2] Remontons un peu dans le temps, et souvenons-nous de la cour de récréation de notre enfance et de cette expression souvent entendue dans la bouche d’un enfant : « C’est celui qui dit qui l’est ».

Dans cet exemple, le mécanisme de la projection correspond à un « ne pas vouloir être », où le sujet rejette au dehors de lui ce qu’il refuse d’être pour l’autre : « Ce n’est pas moi, c’est toi ». La projection repose donc sur la polarité dedans-dehors. Le dedans, selon Lacan, « c’est ce qui est dans son sac de peau »[3] et le dehors « c’est tout le reste »[4] et plus précisément, dans ce dehors nous avons à faire à l’Autre. Or, poursuit Lacan, « De ce qui est à l’extérieur, après tout, vous ne savez que ce qu’il y a dans votre tête. Par conséquent, à quelque titre que ce soit, ce sera toujours une représentation »[5].

Ainsi formulée, la projection débouche nécessairement sur la question de la perception, considérée comme l’une des activités du moi. En effet, ce que nous percevons à chaque moment est la résultante de ce que nous sommes : je ne peux connaître l’Autre qu’à travers moi. Ainsi, la projection soulève, de façon prégnante, toute la complexité des relations entre le sujet et l’Autre, puisqu’il n’apparaît toujours qu’à travers le miroir déformant de l’image que je lui prête.

La projection est une opération essentiellement imaginaire dans la mesure où le sujet se projette sur l’écran que devient l’Autre, avec ce que cette projection comporte de méconnaissance, d’aliénation, d’amour et d’agressivité. Par exemple, il est toujours plus facile de voir la haine et l’agressivité chez autrui que dans soi-même, dans d’autres pays, plutôt que dans le sien. Il en va de même quand un sujet dénonce, par exemple, chez l’autre un appât du gain, un égoïsme ou une agressivité qu’il sent peut-être à son tour, mais n’est pas prêt à reconnaître en lui. Nous nous déchargeons volontiers sur autrui de nos pulsions agressives et a- sociales.

 Illustrations cliniques

Les manifestations du mécanisme projectif dans la clinique sont multiples. Nous pouvons rapidement en donner deux illustrations : la jalousie et la phobie.

 La jalousie projective

Selon Freud, la jalousie projetée provient, en grande partie, du refoulement des désirs d’infidélité envers son partenaire sexuel. On sait par exemple, nous dit-il : « que la fidélité, surtout celle qui est exigée dans le mariage, ne peut être maintenue que contre des tentations constantes »[6]. Ces dernières ne sont pas toujours reconnues. De la sorte, le sujet, en refoulant cette partie intolérable, projette parfois sur son partenaire ses propres désirs d’infidélité. Ce faisant, il détourne son attention de son propre inconscient, la déplace sur celui de l’Autre.

Pendant tout le temps où le sujet le soupçonne et l’accuse de toutes les exactions, il se « blanchit » en quelque sorte de ses propres tentations d’infidélité. Et se dispense autant d’auto-reproches potentiels concernant la sienne propre. On retrouve ce qui est toujours présupposé dans la définition psychanalytique de la projection : un rejet sur l’autre de la part de soi qui est refusée, refoulée, déniée.

La projection dans la phobie  

En quoi consiste la projection dans la phobie ? Selon Freud, la projection est assujettie au refoulement. Il décrit ainsi l’ensemble de la construction phobique comme une véritable projection d’un danger pulsionnel interne que le sujet déplace vers l’extérieur, par exemple, sous la forme de la peur d’un animal. Au départ, une phobie débute par une angoisse dont le motif et l’origine sont inconnus du sujet.

A ce propos, Freud souligne : « Le moi se comporte comme si le danger d’un développement d’angoisse ne venait pas d’une motion pulsionnelle, mais d’une perception et il est donc fondé à réagir contre ce danger extérieur par les tentatives de fuite que sont les évitements phobiques »[7]. D’où l’idée pour le sujet phobique, de déjouer toutes les situations où il sera confronté à l’objet redouté qui a provoqué sa première attaque de panique.

Le sujet va devenir en quelque sorte un fin stratège en découpant par exemple son itinéraire quotidien en « zones interdites », afin d’être certain de ne pas rencontrer son objet phobogène et ainsi d’éviter que l’angoisse ne se répète.

Au final, Freud considère la projection comme normale puisque : « taper sur le clou d’à côté, viser à côté de la cible, c’est normal ! »[8]. Ainsi, le propre du sujet « normal » ne consiste- t-il pas à trouver une causalité externe à son angoisse, afin de scénariser un conflit interne qu’il n’arrive pas à résoudre.

[1] Dictionnaire Larousse

[2] Mélanie Klein, Joan Rivière, L’amour et la haine, Ed Payot, Paris, 2001, p. 27.

[3] Jacques Lacan, Séminaire XVI, D’un autre à l’autre, Ed Seuil, Paris, 2006, p. 282.

[4] ibid

[5] ibid

[6] S. Freud, Sur quelques mécanismes névrotiques dans la jalousie, la paranoïa et l’homosexualité in Névrose, psychose et perversion, PUF, 1999, p. 272.

[7] S. Freud, L’inconscient in Métapsychologie, Ed Folio essais, Paris, 1968, p. 93.

[8] Charles Melman, Travaux pratiques de clinique psychanalytique, Ed Eres, Paris, 2013, p. 266.

Articles récents

  • Nos silences. Apprendre à les écouter de Laurence Joseph 
  • Texte de Roland Jaccard « normalité »
  • « Qu’est-ce qu’une addiction ? » par Joyce McDougall
  • L’emprise, une pulsion du moi
  • « L’intime de la chambre aux réseaux sociaux » Exposition au Musée des Arts décoratifs du 15 octobre 2024 au 30 mars 2025

Archives

SITE DE RÉFÉRENCE

> Jean Jacques Tyszler
> Catherine Grangeard

Tél : 06 18 34 70 46

Valentine Hervé

Psychologue clinicienne
Psychanalyste

Prendre rendez-vous sur doctolib
Contact

53, rue Bonaparte
75006 Paris

METRO : St-Germain-des-prés
ou Mabillon PARKING : Saint-Sulpice

© Copyright - Valentine Hervé | webdesign : atelierguias.com
  • Politique de confidentialité
  • Mentions légales
Lacan, l’exposition : Quand l’art rencontre la psychanalyse « L’humour juif « de Jonathan Hayoun et Judith Cohen Solal
Faire défiler vers le haut

Ce site utilise des cookies. En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez notre utilisation des cookies.

J'accepteJuste masquer la notificationParamètres

Cookie et paramètres de confidentialité



Comment on utilise les cookies

Nous pouvons demander que les cookies soient réglés sur votre appareil. Nous utilisons des cookies pour nous faire savoir quand vous visitez nos sites Web, comment vous interagissez avec nous, pour enrichir votre expérience utilisateur, et pour personnaliser votre relation avec notre site Web.

Cliquez sur les différentes rubriques de la catégorie pour en savoir plus. Vous pouvez également modifier certaines de vos préférences. Notez que le blocage de certains types de cookies peut avoir une incidence sur votre expérience sur nos sites Web et les services que nous sommes en mesure d'offrir.

Cookies Web Essentiels

These cookies are strictly necessary to provide you with services available through our website and to use some of its features.

Because these cookies are strictly necessary to deliver the website, refuseing them will have impact how our site functions. You always can block or delete cookies by changing your browser settings and force blocking all cookies on this website. But this will always prompt you to accept/refuse cookies when revisiting our site.

We fully respect if you want to refuse cookies but to avoid asking you again and again kindly allow us to store a cookie for that. You are free to opt out any time or opt in for other cookies to get a better experience. If you refuse cookies we will remove all set cookies in our domain.

We provide you with a list of stored cookies on your computer in our domain so you can check what we stored. Due to security reasons we are not able to show or modify cookies from other domains. You can check these in your browser security settings.

Google Analytics Cookies

These cookies collect information that is used either in aggregate form to help us understand how our website is being used or how effective our marketing campaigns are, or to help us customize our website and application for you in order to enhance your experience.

If you do not want that we track your visist to our site you can disable tracking in your browser here:

Autres services externes

We also use different external services like Google Webfonts, Google Maps, and external Video providers. Since these providers may collect personal data like your IP address we allow you to block them here. Please be aware that this might heavily reduce the functionality and appearance of our site. Changes will take effect once you reload the page.

Google Webfont Settings:

Google Map Settings:

Google reCaptcha Settings:

Vimeo and Youtube video embeds:

Politique de Confidentialité

Vous pouvez lire plus sur nos cookies et les paramètres de confidentialité en détail sur notre Page de Politique de Confidentialité.

Politique de confidentialité
J'accepteJuste masquer la notification